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UB- Préhistoire Le site de Préhistoire de l'Université de Bourgogne Cours en ligne Licence 1 - Préhistoire ancienne |
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Préhistoire ancienne Cours 8 : Les cultures du Paléolithique et du Mésolithique – III : L’Epipaléolithique et le Mésolithique
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Nous allons aujourd’hui poursuivre notre tour d’horizon des cultures de la Préhistoire ancienne, en terminant par les cultures et les industries de l’Epipaléolithique et du Mésolithique à partir de 13500 BP, avant le présent, soit vers 11500 avant notre ère. Comme je vous l’ai déjà dit, la fin du Paléolithique est marquée par la fin de la dernière période glaciaire. La végétation arborée va reconquérir l’Europe, peu à peu dans une alternance de périodes favorables et de moments de refroidissement. Les chasseurs du Paléolithique supérieur vont devoir s’adapter à ce changement. Changement assez brusque en peut-être deux mille ans, après une longue période très froide. Sur le plan culturel, cela va se traduire par un double phénomène assez intéressant qui est d’une part, la possibilité de circuler à nouveau offerte aux hommes à travers l’Europe et donc sans doute dans un premier temps une certaine homogénéisation des cultures pendant l’Epipaléolithique ou le tardiglaciaire, par contacts et échanges et en même temps l’apparition de niches écologiques très marquées d’une région à une autre qui vont conduire les hommes à s’adapter localement. Ce qui va se traduire par des choix culturels différents et l’apparition assez rapide au début du Mésolithique de cultures différentes. Je vous rappelle que cette période « intermédiaire » qu’est le Mésolithique a finalement été reconnue assez tard dans l’histoire de la recherche préhistorique. Dans les classifications du XIXe siècle, comme celle de John Lubbock, on passe directement du Paléolithique au Néolithique. Et ce n’est qu’à partir de la fin des années 1870 et les années 1880, qu’on commence à s’interroger sur ce passage de la Préhistoire ancienne à la Préhistoire récente, à envisager l’existence d’un passage plus progressif qui n’aurait pas encore été reconnu. La controverse sur l’existence de cette période de transition est alors très forte, au départ uniquement théorique, puis plusieurs fouilles, concernant tout d’abord les amas coquillier dont je vous ai déjà parlé, et de quelques sites comme la grotte du Mas d’Azil en Ariège, avec la découverte de nouvelles industries, vont amener un nouvel éclairage sur la question. Ce n’est finalement qu’au début du XXe siècle, dans les années 1910-1911, que le Mésolithique sera finalement reconnu et accepté par la communauté scientifique. Pendant le tardiglaciaire, à l’extrême fin du Paléolithique supérieur, on va distinguer trois grandes cultures en Europe, pour faire simple : L’Azilien en Europe occidentale. Les cultures à Federmesser au Nord. Ainsi que d’autres groupes identifiés par des armatures spécifiques. Le Tardigravettien au sud, dans l’Europe méridionale et méditerranéenne. Dans la pratique, on distingue un grand nombre de groupes qui sont individualisés par leur outillage et l’existence de certains outils spécifiques. D’une manière générale tout d’abord, ce qui caractérise ces industries cela va être : La réduction très notable de la taille des objets lithiques avec l’apparition des microlithes. Les microlithes ce sont les armatures de moins de 3 cm, au dessous de 2 cm on parle d’armatures pygmées et au dessous de 1 cm d’armatures hyperpygmées. La prédominance de nouveau, pendant l’extrême fin du Paléolithique de l’outillage lithique par rapport à celui sur matière dure animale qui était devenu très important pendant la phase antérieure au Magdalénien. Le développement du débitage de lamelles plutôt que de lames, à partir desquelles de nombreux outils de petites dimensions seront fabriqués. En Europe occidentale, la principale culture est donc l’Azilien. Cette culture a été identifiée et décrite à la grotte du Mas d’Azil en Ariège, qui est une très importante cavité assez impressionnante, traversée aujourd’hui par une rivière et une route et qui se visite d’ailleurs. La culture azilienne va s’étendre à une grande partie de la France et une partie de la Péninsule Ibérique. Cette adaptation se traduit par une modification des outillages : Les outils en os et en bois de renne sont remplacés par le bois de cerf qui se répand à cette époque. En même temps, une bonne partie de l’outillage qui était destiné à travailler les matières animales (et particulièrement l’os) disparaît au profit d’un outillage destiné à travailler le bois végétal. Ceci est naturellement corrélé à la réapparition de la forêt tempérée, une forêt de feuillus, en Europe qui remplace les steppes froides. Concernant l’outillage, l’Azilien est le parfait exemple de ce que je vous indiquais dans les généralités. Les objets réduisent en dimensions et les armatures microlithiques se développement considérablement. Les outils caractéristiques sont des pointes à dos courbe (armatures de flèches) et des grattoirs de petites dimensions mais de formes variées. Les microlithes désignent généralement de toutes petites armatures destinées à être emmanchées sur des hampes de bois. En fait, ce qui ressort de l’examen de ces objets c’est le développement massif de l’emmanchement sur du bois. Les objets lithiques ne sont plus que les parties actives d’outils de nature composite. Le plus évident, est l’apparition ou au moins le large développement de l’arc, outil en bois donc, où la place de la pierre est réduite à la toute petite ou la série de toutes petites armatures armant l’extrémité de la flèche. L’arc étant par ailleurs une arme particulièrement bien adaptée à la chasse en forêt. Pour les autres régions d’Europe, je ne vous mentionnerais que très rapidement les principales cultures : Au nord de l’Europe, on distingue un certain nombre de cultures qui sont généralement regroupées sous le nom de groupes à Federmesser, c'est-à-dire des pointes à dos courbe qui s’étend donc sur une partie de l’Europe septentrionale. Le Creswello-Hambourgien qui va s’étendre de la moitié sud de l’Angleterre à une partie de l’Europe septentrionale (en Allemagne…) et qui est caractérisé par un type de pointe à cran. Et un vaste ensemble des cultures à pointes pédonculées qui se décline lui-même, tout le long de la grande plaine du nord en Brommien, Ahrensbourgien et Swidérien. Le Tardigravettien s’étend quant à lui sur une bonne part de l’Europe méridionale et orientale. Il est lui-même divisé en de nombreux groupes régionaux plus ou moins bien connus. Là encore les groupes sont définis en fonction des principaux types d’outils récurrents au sein des assemblages, mais les caractères généraux sont semblables pour toutes les cultures de la période. Pendant le Mésolithique, on va distinguer quatre grands ensembles qui se divisent en réalité en de nombreux groupes : Le Maglemosien en Europe septentrionale. Le Beuronien anciennement appelé Tardenoisien en Europe moyenne. L’Epigravettien final en Europe méditerranéenne Le Sauveterrien en Europe occidentale. On va aussi diviser la période en deux grands moments : Le Mésolithique ancien et moyen et le Mésolithique final. Concernant tout d’abord le Mésolithique ancien et moyen. Il y a environ 10000 ans, les transformations amorcées pendant la fin du Paléolithique s’accentuent avec l’implantation définitive du milieu forestier en Europe. Les lamelles et les microlithes supplantent les autres types de débitage et d’outillage en même temps que se généralise l’emploi de l’arc. Les microlithes géométriques vont être fabriqués par fracturation de lamelles et finition par retouche, ce qui va donner de tous petits éléments marqués par une forme géométrique donc : divers triangles, et des segments de cercle. Dans les régions méditerranéennes, l’Epigravettien final dérive du Tardigravettien. Il est caractérisé par des lamelles à dos droit et des armatures microlithiques géométriques (triangles, segments…). En Europe occidentale, l’Azilien donne naissance au Sauveterrien qui est marqué par des pointes à deux bords abattus courbes et l’apparition là aussi des géométriques. Dans la partie médiane de l’Europe, de l’Europe centrale jusqu’au nord de la France et au Bassin Parisien, on voit apparaître un nouvel ensemble appelé le Beuronien qui était appelé le Tardenoisien jusqu’à il y a peu. En Europe septentrionale, on parle du Maglemosien qui dérive pour l’essentiel de l’Ahrensbourgien. Dans cette Europe septentrionale, on connaît de nombreux sites de tourbière qui ont permis la conservation des objets en matériaux normalement périssables comme du bois et des fibres avec des pirogues, des filets, des nasses… liées à l’exploitation du milieu aquatique et de très nombreux outils ne os et en bois animal. Il y a 8000 ans, on observe de nouvelles transformations dans les cultures du Mésolithique qui évolue dans une phase appelée le Mésolithique récent. On met au point le débitage à la pression qui se distingue du débitage par percussion par l’appui du percuteur qu’on appelle alors un compresseur, permettant un meilleur contrôle du débitage et une grande régularité des supports obtenus. Ces nouveaux supports aux bords très parallèles et de profil rectilignes permettent la fabrication de nouveaux types d’armatures de forme trapézoïdale qui vont caractériser les groupes du Mésolithique récent. On parle de cultures à trapèzes. Parmi ces cultures, vous pouvez retenir pour les plus importantes : Le Castelovien au sud. Comme nous l’avons vu dans le domaine de l’économie de subsistance et comme nous le verrons dans les domaines de l’habitat et de l’art, le Mésolithique n’est en rien une période intermédiaire ou une parenthèse, comme cela a pu être dit ou écrit. La période montre une série de cultures qui partagent un certain nombre de traits communs qui constituent une réponse aux profondes modifications de l’environnement. Si l’outillage réduit en dimensions, il n’en est pas moins ingénieux. Loin de là. Ainsi le développement de l’arc peut être considéré comme une réponse adaptative à la chasse en milieu forestier sur des animaux moins groupés et très mobiles. Le développement de toutes petites armatures emmanchées d’une façon complexe sur les flèches correspond à une simplification permettant de réparer rapidement les flèches par le changement d’une armature cassée et en même temps la mise en place des petits éléments géométriques vise à obtenir une flèche (arme assez petite) dont la blessure va être augmentée par l’adjonction de barbelures en plus de la pointe elle-même. C’est donc là l’efficacité qui est privilégiée plutôt que l’esthétique des outillages. Références bibliographiques : BARBAZA M., 1999 – Les civilisations post-glaciaires, Paris : La maison des roches, 1999, 128 p., (Histoire de la France préhistorique). Et voir : http://blogperso.univ-rennes1.fr/gregor.marchand/index.php/
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